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mercredi 6 mars 2013

Société | Aide alimentaire européenne : L'U.E. menace de geler le plat


Le programme européen d'aide alimentaire risque de disparaître d'ici 2014. Cette aide permet à 18 millions d'européens de ne pas sombrer dans la famine.


Même si les décorations de fin d'année réchauffent l'atmosphère, il fait très frais ce soir-là. Sur le parvis de l'Eglise Saint-Eustache, beaucoup d'hommes et très peu de femmes forment une longue file d'attente. Aucun d'eux n'est là pour prier le bon Dieu, ni pour boire un verre à la terrasse d'un troquet de la rue Montorgueil située à quelques mètres. Une soupe, un plat chaud et un café, voilà ce que viennent chercher ces quelque 220 personnes à la rue du Jour (1e arrondissement).

Comme chaque 1er décembre depuis 1984, l'association La Soupe Saint-Eustache entame sa saison de distribution de repas chauds aux plus démunis devant l'Eglise située en plein cœur de Paris. Après avoir mangé et discuté un peu, chacun repart avec un sachet en plastique vert donné par les bénévoles. Du pain, du chocolat, du paté et un sandwich leur permettront de tenir jusqu' au prochain repas.

La Soupe Saint-Eustache fait partie des structures qui bénéficient indirectement du PEAD (programme européen d'aide alimentaire), cette aide financière à laquelle l'Union Européenne menace de mettre fin d'ici 2014. En France, Les Restos du coeur, la Croix Rouge, Banques alimentaires et le Secours Populaire sont les associations qui reçoivent l'aide financière européenne. A leur tour, Les Banques alimentaires redistribuent leurs denrées à plus de 5100 associations et organismes sociaux dont l'association de la rue du Jour.

Selon Lorenzo, un des bénévoles présents sur le parvis de l'Eglise, les dons provenant des Banques Alimentaires représentent environ 80% des denrées de la Soupe Saint-Eustache. Si le PEAD disparaît, Paul aura donc du souci à se faire... Après avoir perdu son travail et s'être séparé de son amie, ce trentenaire d'origine camerounaise s'est retrouvé "dans un beau merdier". Depuis qu'il vit à l'hôtel, il "jongle pour pouvoir manger au moins un repas par jour".
Pourtant, quand on lui demande s'il sait que l'Union Européenne menace le fonctionnement d'associations telle La Soupe Saint-Eustache, il vous regarde avec des yeux tout ronds. "Moi je veux pouvoir manger un repas chaud chaque soir d'hiver. Ce que font les politiques, ça ne m'intéresse pas". Pour Paul, "les pouvoirs publics n'ont jamais rien fait pour les gens comme [lui]" alors une telle décision de l' Union Européenne "ça ne changera pas grand chose".

Les tergiversations de l' U.E. quant au budget à allouer à l'aide alimentaire sont à mille lieux de la réalité de Paul... du moins, c'est ce qu'il pense. Mais il se pourrait que la réalité budgétaire de l'U.E. et celle de 18 millions d'européens finissent par se croiser si l'Union Européenne décide effectivement de ne pas maintenir le PEAD.

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