Le programme européen d'aide alimentaire risque de disparaître d'ici 2014. Cette aide permet à 18 millions d'européens de ne pas sombrer dans la famine.
Même si les
décorations de fin d'année réchauffent l'atmosphère, il fait très
frais ce soir-là. Sur le parvis de l'Eglise Saint-Eustache, beaucoup
d'hommes et très peu de femmes forment une longue file d'attente.
Aucun d'eux n'est là pour prier le bon Dieu, ni pour boire un verre
à la terrasse d'un troquet de la rue Montorgueil située à quelques
mètres. Une soupe, un plat chaud et un café, voilà ce que
viennent chercher ces quelque 220 personnes à la rue du Jour (1e
arrondissement).
Comme chaque 1er
décembre depuis 1984, l'association La Soupe Saint-Eustache entame
sa saison de distribution de repas chauds aux plus démunis devant
l'Eglise située en plein cœur de Paris. Après avoir mangé et
discuté un peu, chacun repart avec un sachet en plastique vert donné
par les bénévoles. Du pain, du chocolat, du paté et un sandwich
leur permettront de tenir jusqu' au prochain repas.
La Soupe
Saint-Eustache fait partie des structures qui bénéficient
indirectement du PEAD (programme européen d'aide alimentaire), cette
aide financière à laquelle l'Union Européenne menace de mettre fin
d'ici 2014. En France, Les Restos du coeur, la Croix Rouge, Banques
alimentaires et le Secours Populaire sont les associations qui
reçoivent l'aide financière européenne. A leur tour, Les Banques
alimentaires redistribuent leurs denrées à plus de 5100
associations et organismes sociaux dont l'association de la rue du
Jour.
Selon Lorenzo,
un des bénévoles présents sur le parvis de l'Eglise, les dons
provenant des Banques Alimentaires représentent environ 80% des
denrées de la Soupe Saint-Eustache. Si le PEAD disparaît, Paul aura
donc du souci à se faire... Après avoir perdu son travail et s'être
séparé de son amie, ce trentenaire d'origine camerounaise s'est
retrouvé "dans un beau merdier". Depuis qu'il vit à
l'hôtel, il "jongle pour pouvoir manger au moins un repas par
jour".
Pourtant, quand
on lui demande s'il sait que l'Union Européenne menace le
fonctionnement d'associations telle La Soupe Saint-Eustache, il vous
regarde avec des yeux tout ronds. "Moi je veux pouvoir manger un
repas chaud chaque soir d'hiver. Ce que font les politiques, ça ne
m'intéresse pas". Pour Paul, "les pouvoirs publics n'ont
jamais rien fait pour les gens comme [lui]" alors une telle
décision de l' Union Européenne "ça ne changera pas grand
chose".
Les
tergiversations de l' U.E. quant au budget à allouer à l'aide
alimentaire sont à mille lieux de la réalité de Paul... du moins,
c'est ce qu'il pense. Mais il se pourrait que la réalité budgétaire
de l'U.E. et celle de 18 millions d'européens finissent par se
croiser si l'Union Européenne décide effectivement de ne pas
maintenir le PEAD.
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